Libérez Dieu! (Ballaloum Gafor)
Op
21
Intro
Un mantra
illégal
Ce petit livre est sans objet mais
traite de beaucoup de sujets. Rien d’essentiel, le mal
mâle, la trop lente montée de la fin du monde (actuel) et
les dispositions du magique à se dissimuler dans le banal,
l’ordinaire. On y trouvera Ballaloum
gafor,
deux mots sortis d’un rêve, qui est un souvenir de la très
belle nouvelle d’Arthur Clarke The Nine Billion Names of
God, parue
en 1953 et dans laquelle il est dit qu’avoir écrit tous les
noms d’une divinité mène à la fin de l’Univers dont elle
est l’auteur, à la fin du monde voulu par elle. Il s’agit
ici de laver le réel, d’éloigner la merveille de la
création toujours en marche des impuretés de l’esprit
masculin.
Libérer Dieu - intelligence créatrice fondamentale - est
urgent. En assassinant des animaux tous les jours les
hommes blessent Dieu. Leur démesure fait monter le bruit de
fond de l’univers. Les particules élémentaires se prêtent à
des combinaisons d’une infinie variété logique mais pas
ridicules, au sens physique. Ce qui était acceptable en
tant qu’agitation stellaire, cris des étoiles, du vent, des
choses de la nature est devenu bruit humain. On sait
que Yaveh
le dieu juif colérique
a dézingué la grande ziggourat de Babel pour ne plus
entendre les propos incohérents des hommes. Il aurait
peut-être toléré les voix des femmes mais elles n’avaient
déjà plus la parole. L’inversion des trônes et des
dominations, la reconversion des dictatures en formes
évoluées de démocraties nous mène à une totale extinction
de la race. Quand les sept bitrillions du nom de la Force
créatrice (ni Allah, ni YHWH et même pas Lucifer la belle
blonde) seront décryptés par une étincelante intelligence
les étoiles s’éteindront avec simplicité, le maître mot.
Cette intelligence peut être la tienne. Ce nom, par
révélation cosmique et gluante (je parle comme
Dali !)
est constitué par les combinaisons de Ballaloum Gofor
(plus les alphabets
implicites). Ça peut donner des Ballalouim Gifor, des Xaxor
Waflaloub ou des
Fampalout Wapoç et ainsi de suite à l’infini. Rien
d’extraordinaire dans ce mini-mantra :
je l’ai entendu dans mon sommeil, il passait par là, je ne
suis qu’un poste de radio. Avec pour unique inconvénient
que je ne choisis pas toujours les fréquences que je
décode. Être parlé, être un rediffuseur, est important, à
condition de ne jamais se prendre pour un prophète. Cette
race 3M n’apporte que malheur, merde et
mort à l’humanité. Peu importe que ce mantra, qu’aussitôt
j’ai noté, ait neuf milliards ou sept bitrillions de
combinaisons :
il suffit que le réservoir de celles-ci soit entaché
d’infini pour l’esprit humain.
Le nom peut être dit ou écrit invariant mais devient alors
hyperdense à la manière d’un cluster littéral, avec un
effet de trou noir qui dilatera la page ou… ton espace.
Il peut être modifié par le lavage des sons périodiques
(vowel blur). Puis par l’altération des sons apériodiques
(consonant blur). En générant un grand nombre de Ballaloum
Gofor je ne voyais pas du tout où cela pouvait me mener.
Mais mon instinct me disait de poursuivre. Et j’ai
découvert une possibilité d’écriture qui m’a
séduit :
le conflit du torrent verbal avec des images apparaissant
sous le texte. L’esquisse devint de suite beaucoup plus
vivante. Le noir des images peut absorber les mots, le gris
les rendre “autres” il y a interaction et on sait à quel
point cette idée de contrepoint entre verbe et graphique
est importante.
Mes pages favorites sont celles où l’abolition des noms de
Dieu par la noirceur du (dessin) féminin est très forte.
Ces images sont des femmes ou des arbres, J’avais commencé
par des falaises et des formes géométriques. Mais la femme
- écriture de Dieu - s’impose et je ne regrette rien. Sa
beauté est la seule chose dont l’homme n’a su la priver.
Cette Origine-Elle
graphique ne
représente personne en particulier, rien qu’un principe de
vie et obéit au principe de variation. La première image
qui vient ici illustre cette démarche, on voit un canyon
noyé et foudroyé se changer en corps féminin. Il faut
savoir lire… D’autres images montrent la vie droite et
impérative, d’autres la coulent en vue panoramique
d’horizon ou font apparaître une bouche dentue, en quoi
elle s’assimile à ses compagnons monstres, versions
familières de la belle et la beste. J’ai également utilisé
des arborescences, du dessin vectoriel qui possède une
grâce certaine, pour exprimer le parcours ramifié du texte.
Pour terminer je n’en pourrai parler qu’en langue première,
antébabélienne, celle dans laquelle les mots ne sont pas
encore figés, celle de leur télescopage, à la manière bien
connue d’un joyssif. Il ne faudra ainsi pas s’étonner de
l’utilisation de thermes
tels que fluente,
rivofemme ou “corrides féliesmarines”, l’ensemble du texte
cherchant à s’adapter à une combinatoire de création
d’univers.
L’homme, ici et maintenant apparaît toujours importun,
déphasé, jamais constructeur sauf quand il reconnaît et
assume sa moitié féminine. Il tentera désespérément vers la
fin de cette vulvecoulée magmaticologique - du côté de chez
“Qahek Rislydaas” ou même “Tazon Narkavouh” entre nos
innommables variations - de jeter la femme hors du champ du
récit, mais sans succès. De fait, elle lui adresse, au
moment du Quand tu as voulu fermer ce
livre un
“Tchao
Pantin”
enlevé que l’on saisira comme une référence ou une simple
et finale constatation. Il n’a pas su devenir
UN, trouver et endosser son aspect
féminin fondamental et - Ballaloum Gafor - son cirque
ridicule jonché de débris organiques et de lois absurdes
s’efface dès que tous les noms de l’Origine-Elle sont
prononcés.
Ce qui nous mène à penser que Dieu est une femme, mais ça,
je l’ai dit depuis longtemps.
On peut considérer Ballaloum Gafor comme une plaisanterie
ou un mantra illégal. Quand je dis illégal, je souligne
simplement la distance qu’il prend d’avec ce genre de
prière récitée. Son sens ?
C’est ton niveau de communication qui décide, je n’écris
pas pour plaire. Je fais entrer des bibliothèques en
résonance. J’aurais trouvé amusant d’aller très loin dans
les variations. Techniquement je n’ai qu’à prendre ces deux
mots et, selon l’inspiration qui me vient, de les modifier
par le lavage de voyelles ou consonnes. Utiliser un indice
de 5 %
ne change que peu le courant du mantra. Quand on passe à
des lavages de 60 ou 80 %
le texte se détruit, il ne lui reste que le nombre de
caractères. Laisser venir un livre de cinq mille pages
serait extra !
Il pèserait plus de quinze kilos… Mais
non !
Par respect des arbres et de mes lecteurs je me contente de
vingt. Écrire est un exercice physique, avec l’échauffement
on dépasse toujours la limite que l’on se donne. Finalement
nous arrivons vers une cinquantaine de pages et je vais le
laisser partir car je me rends compte que jamais je ne
terminerai cette minutieuse variation.
Graphiquement, on verra, vers la fin de la
solidification de
rêve qu’est ce livre, les noms
rapetisser, diminuer, se griser parfois et finalement,
entourer la silhouette d’Apocaline, la femme de ménage qui
vient réclamer le Temps, comme fin d’un conte absurde,
raconté par un idiot et sans aucune signification.
Éteins-toi brève chandelle… (C’est tellement bien exprimé
que quelqu’un a dû le dire avant moi.)
Il ne me reste ainsi qu’à rendre leur liberté à ces atomes
de sens qui vont, soupe textorielle, s’organiser en de
toujours nouvelles molécules, surtout quand vous fermerez
ce livre. Ne tentez point de le lire intégralement, vous
vous fatigueriez les yeux et, si par le plus miraculeux des
hasards vous y parveniez, vous seriez cumulo nimbifié,
surchargé de charges et connaissances positives, avec un
grand risque de mise à la masse, d’annulation selon un bref
éclair allant de votre révélation au cœur d’une terre dense
et noire. Certains comprendront en chemin que ce qui passe
pour le Mal n’est autre que l’addition infinie de
sinusoïdes dans un temps proche de zéro. Il y a dans ce
dévaloir textuel une histoire simple qu’un œil exercé peut
extraire. Imaginez que j’aie enterré un message dans ce
déluge verbal, que je vous révèle un secret, ou quelque
chose d’important, vous verrez à quel point il vous sera
ardu d’en retrouver les éléments. Il serait très difficile
à votre œil de séparer ces nuages pour isoler quelques
mots. Pourtant je l’ai fait, j’ai dit autre chose. J’ai
révélé ce qu’il faut faire pour assurer une bonne
transition être néant.
Ce livre ne doit pas tomber dans les mains de voyous, de
voyelles, de gens de profit, d’économistes, d’avocats, de
néovaudois en lémanique Silicon Vallée, d’énarques, de
philosophes arrogantiles, de médias spéculateurs,
d’universitaires galeux, de prêtres et faux prophètes, de
mal branlés, de politiciens véreux, de banquiers punk,
d’hommes inconscients de leur féminitude, de banksters
américains ou de notaires, de corrompus et, de manière
générale, de gens à qui il causerait un tort certain en
leur révélant brutalement leur méchante sécheresse.
Il peut être lu par des renards, des dauphins, par la
classe des truffes truffantes et celle des bêtes en
général. Les femmes se contenteront de le feuilleter et
d’en rire, elles y habitent, elles en savent les couloirs
ces guerrières bien trop patientes.
Il te reste un choix majeur, celui de l’ignorer, de ne
jamais oser déchiffrer son mystère et de poursuivre le
chemin d’une existence insignifiante dans laquelle tu n’as
pas d’ombre.
Mais tu ne le sais pas.
Table des
matières
Idéale Maîtresse 10
On a volé le Big Bang 14
Orphée 2001 26
La Tempête 32
Sauve-Qui-Peut l’Amérique 36
L’Amérique brûle-t-elle ?
38
L’Origine Elle 42
H sur Genève 48
Mais qui s’est tapé Molly Schmoll ?
52
L’été Jolene 62
La Déesse de Grattavache 66
Le douzième Évangile 70
Les plus belles jambes du 3septembre 2010 74
Le verre de l’Apocalypse 76
L’Enfer des philosophes 80
Silent Idol et autres nouvelles 84
Une semaine bien remplie 86
The Plot 88
Une soirée avec Faustus 90
Catalogue déraisonné des Opus, couvertures
et livre fantômes
95
Les touites fabuleux d’Alina Gomez 102
La vidéo bien tempérée 106
Les Electro Songs 110
Devenez une Femme !
112
Le vagin 114
Le moule est cassé 116
Journal d’un homme de chambre 118
Main gauche gewidnet 120
Une chandelle amoureuse 120
L’emmerdant, c’est Jean-Jacques, l’emmerdant… 122
La remise des diplômes 124
La Fille Signe 126
Le nuage humain 128
L’après moi 130
Dernières nouvelles de l’Entropie 132
Plaidoyer pour l’Emasculin 134
L’Indienne 140
L’homme d’Octobre 142
Tant qu’il y aura des cons 144
Je suis Qui tu veux écrire 146
C’est bien d’être un chien 148
Hasta el mar 150
Faut-il brûler les œuvres de Pierre
Boulez ?
154
Une semaine bien remplie 156
Lacan, La Canne, Jeanne et le désastre genevois 162
Histoire de La Fille centrale 164
Un classique dans le labyrinthe 166
Le désert américain 168
Mabelle, l’érotisme et la fondue moitié-moitié 170
L’Anti Faust 172
Femme, nécessité, illusion 174
Wagner en Amérique 176
La beauté de ce monde et la parole des autres 178
Chapitre Dieu 180
Antiportraits 182
Femmes, mode d’emploi 184
Éléments de logique fractale 186
Lettre ouverte aux filles polygones 188
AHA !
194
Les lois de Scritch 196
Les Angiospermes 198
Imaginaire du Cinéma américain 202
Un archange au gouvernement 206
Correspondances avec Jean d’Ormesson 208
Poétique 210
Cadiz Gibraltar 212
Arizona Lines 214
Rêves et la mer 216
Éloge de la jubilaire 218
300 millions d’otages 220
Mécanique théologique différentielle et intégrale 222
Man, mon amour 224
Une Mexicaine, son enfer 226
Histoire d’un noble fou 228
Un chat chaud 230
Bellilule Azarthée 234
Le discours des Nosotros 236
L’homme démoli 240
Franc-Sorcier 242
Texte pour se prendre la langue 244
Boréalité 246
La fin du monde ce sera une musique… 248
Le Fleuve 250
Le Surfeur de chaos 252
And then spoke the thunder... 254
La Musica 256
Karpov de pâques 258
Le Fleuve de tous les silences 260
Maître du monde 262
Le jardin aux sentiers qui bifurquent 264
Les Aventures quantiques de Lilith 266
Ishtar ou la machine à lire le monde 272
Voeux de la Princesse Shaïtane 274
L’Enfant Blond 276
Une Genèse pour Jack 278
La Raconteresse 280
Forêt des Ombres 284
Amadeus vs Sally O’ 286
D’est en Ouest 288
Histoires d’Elles 290
Chroniques du Bourget 291
Tumultes pour démon vociférateur
et pianiste percutante 292
The fuck report 294
La Cantate interrompue 296
L’Organigramme 298
Beethoven 13 300
In Out 302
Les textes de l’Ombre 304
Histoire de l’Ombre qui veillait à la lisière d’un monde gris
306
La fin du Temps !
308
Ordinateur Ordonnateur 310
Monsieur Berg est venu ce soir 312
Les 50 jeudis du Professeur Sombrepotim,
génie du crime 314
La vie merveilleuse 316
Le prix des Ombres 318
Schœnberg et son double 320
Rendez-vous 322
Le Marginal 324
Les sources 326
Boulez dé-visagé 328
Ansermet re-suscité 330
Soleil des mères 332
La citadelle Varèse 334
Pour une politique de la musique 336
Les jardins du grand organiste 338
Les cours de JG aux USA 340
Une fugue pour Le Corbusier 342
Structure et intuition 344
SMC :
La Belle Histoire 346
Chansons 352
L’auberge qui coupe la lune 354
La Crypte de la mère 356
Le phare au bout du monde 358
Extraits :
Man,
mon amour
Man,
mon amour, je te dis adieu, tu l’as cherché. On ne peut pas
te laisser vivre. Je viens de mettre deux harpies traceuses
sur ta piste, elles auront du boulot !
Tu auras le temps de les voir avant qu’elles te retirent.
Elles ne seront pas trop méchantes avec toi, tout ce qu’on
veut c’est que tu disparaisses.
Ça va faire du vide, tu sais… J’ai longtemps hésité,
comment séparer les bons des mauvais ?
Il n’y a pas de réponse, rien qu’une obligation que je vais
remplir. On refera le monde sans ta violence. Je sais, je
sais… tu as manqué de prédateur, tu es devenu le plus gros
prédateur de cette planète. Le cancer de ce monde. Je
préfère te tuer avant que tu ne nous fasses tous
disparaître dans une sale agonie.
En tant que femme je t’ai aimé à la limite du possible. En
tant que femme je dois maintenant te tuer, toi et tes
Dieux. Toi et tes systèmes, tes lois, ton terrorisme, ta
cruauté.
Tu es bête. Mais… tu n’es pas une bête.
C’est pour ça que nous devons maintenant te stopper.